Concours n°2 sur le thème "écrire de la fantasy" : Les gagnants

Publié le par Littérature Fantastique

Concours d’écriture n°2 « écrire de la fantasy » : les gagnants

 

 

 

 

Rappel des consignes :


C’est au cœur de la fantasy que nous plongeons avec ce second concours d’écriture organisé par le Forum de La Littérature Fantastique jumpy.
Ce thème étant assez large et les définitions du genre aussi nombreuses que personnelles, nous nous contenterons ici de deux points Sourire : le lieu cadre de l’histoire doit être imaginaire (interdiction de retrouver dans les textes de noms de lieux de notre monde, pas de fantasy urbaine donc !) et il faut qu’au moins un élément magique apparaisse dans l’histoire (magie, créature fantastique, don merveilleux, etc.).

Outre ces deux points éliminatoires, d’autres consignes viennent s’ajouter Siffle . Nous ne jetterons bien évidemment pas les textes qui ne les respecteront pas mais nous demanderons aux membres d’en tenir compte lors des votes (ou ceux les ayant respectées auront un vote bonus… on verra bien).


Autres consignes :

- Le texte devra faire au minimum 1 page A4. Nous n'aimons pas mettre de limite maximum pour ne pas stopper votre imagination mais pour le bien des futurs lecteurs du concours, disons qu'il serait fortement conseillé de vous limiter à 4 pages A4 .

- Le texte doit se terminer absolument par une mort (même s'il ne s'agit que de celle du papillon qui passe par-là...).

- Un minimum de deux personnages (c’est-à-dire vivants : humains, créatures, animaux,…) pourvus d’un nom propre doivent apparaître dans le récit (ne pas se contenter de parler de quelqu’un non présent sur la scène). Ils ne sont pas obligés de parler.

- Donnez un titre à votre récit !
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Voici les textes de nos deux grands gagnants (ex-eaquo). ils ont  été impossible a départager même après un second tour de vote^^  :
 
yao - Texte : Juste pour une pomme
 



- ... la cour royale vous condamne pour vos crimes commis la nuit dernière...

Ça y est, j’en ai déjà marre ! Mais il ne voit donc pas qu’on s’en fout de son discours à la noix ! Tout le monde est venu pour voir ma pendaison et non écouter un vieux schnock pendant des heures. Ça se voit dans leur visage. Ils ne font que me fixer avec de gros yeux, comme si j’avais le pouvoir à moi seul de faire taire cet abruti. En même temps, je les comprends, moi aussi j’aime voir les condamnations. C’est amusant, on crie avec la foule, on se sent uni et fort puis, il faut bien l’admettre, c’est toujours un moment excitant de voir une exécution. Mais bon, là il s’agit de ma personne et j’avoue être un peu plus mitigé. Surtout pour le crime que j’ai commis, c’est inadmissible ! J’ai juste volé une pomme ! Et on va me tuer juste à cause de ça !? Je suis scandalisé, et j’espère que vous êtes tout aussi indigné que moi ! ... Bon, je reconnais l’avoir volé à la reine Alyssia après m’être distraitement infiltré dans sa tour... Et aussi que c’est une magnifique pomme en or... mais ça reste une pomme ! Ce n’est pas comme si j’avais torturé ou tué quelqu’un ! ... Toutefois, lors de ma fuite, j’avoue avoir bousculé des gardes et même d’en avoir blessé deux ou trois, mais pas plus ! Ah, tiens, écoutez, il est entrain de citer mes crimes :

- ... pour avoir volé la Pomme de Siam ainsi qu’avoir tué six gardes royaux...
Silent Tout le monde peut se tromper, ce n’est pas interdit à ce que je sache !

Bref, je suppose que vous voulez savoir un peu plus sur ce mystérieux vol. Et bien en fait, pour vous dire la vérité, je vole depuis des années. Attention, pas de vulgaires vols dans les rues. Non, je vise bien plus haut, surtout des infiltrations dans les maisons nobles. Et ça a toujours très bien marché jusqu’à hier.
Bref, tout allait pour le mieux jusqu’au jour où un sorcier est venu me parler. Je savais que c’en était un car il se nommait lui-même "Le Sorcier de Hachib" (ne me demandez pas où se trouve Hachib, je n’en ai pas la moindre idée). J’ignore comment mais cet homme savait qui j’étais, c’est-à-dire un voleur professionnel (j’aime bien ce mot ). Il m’a fait savoir qu’il voulait la Pomme de Siam contre une jolie somme d’argent. Le problème c’est que je n’ai pas l’habitude de ce genre de mission. En général, ce que je vole est pour moi et à personne d’autre. De plus, cet homme ne me faisait guère confiance... mais devant la récompense qui m’attendait, je ne pouvais refuser.
Mais je ne suis pas un imbécile. Je savais que c’était très risqué. Je me suis donc renseigné sur la sécurité du château, essentiellement sur les tours de gardes. Je me suis également informé sur cette pomme que mon mystérieux commanditaire chérissait tant. Elle était évidemment bien connue de tous. D’après la légende, elle avait été offerte par l’Ange Siam à la première reine de Geristraad. Ce n’était pas qu’un simple bijou, ni un symbole, c’était aussi un objet magique mais dont on ignorait réellement son utilité. Il y avait toutes sortes de rumeurs : longévité de vie (il est vrai que les reines de Geristraad sont toutes mortes vieilles), protection contre les sortilèges maléfiques (voilà qui pourrait intéresser mon sorcier), pouvoir de séduction (ça ce n’est pas vrai, la reine est épouvantable), pouvoir de se rendre invisible (rumeur stupide), pouvoir de communication avec les animaux (rumeur encore stupide), pouvoir de se déplacer rapidement (et encore une rumeur stupide). Bref, je n’avais au final rien de très concret.

- ...condamnez à la pendaison jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Quoi, déjà ?! Et on ne me demande même pas si je suis prêt ! Le bourreau me mit la corde autour du cou avant même que la foule se rendit compte de ce qui se passait (c’est-à-dire le grand moment : fin du discours). Et soudain, je sentis mes pieds chuter. J’étais plus surpris par la vitesse que pris mon exécution que par la douleur qui émanait de ma gorge. Puis j'éprouvai toutes sortes de sensations. Tout d’abord je manquais cruellement d’air et je me suis mis inconsciemment à gigoter comme un imbécile. Bizarrement, j’ai eu honte de mon geste qui était à la fois compréhensible (panique instinctive) et ridicule (... bah ouais, c’est con ce que je fais). Les gens hurlaient et se moquaient de moi. Et pour couronner le tout, j’avais une sale envie de pisser.

- C’est la peur, me diriez-vous.

Haha ! Comme vous êtes drôles ! Mais non, je n’ai pas peur. D’ailleurs, vous vous demandez peut-être depuis le début pourquoi. Et bien c’est très simple. Je
 

 
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Nochelove - Texte : Déchue


Shaïn tenta une fois de plus de museler l’angoisse qui ne la quittait jamais. Cela n’avait fait qu’empirer depuis qu’elle avait appris qu’elle devrait servir lors de cette petite réception, car son maître serait alors plus exigeant que jamais et la punirait à la moindre « faute ». Prenant une grande inspiration, elle rejeta en arrière ses longs cheveux blonds-roux, frappa à la porte de la salle à manger et entra.
Throed, son maître, trônait dans son fauteuil à haut dossier et arborait l’air réjouit et hautain d’un roi tenant sa cour. Il était entouré de cinq autres hommes qui fixaient le centre de la table avec des yeux pleins de désir. Là, vêtue d’une tenue qui laissait tout deviner de ses courbes généreuses, dansait Sinead, l’autre Déchue de Grande Classe. Derrière ses mouvements langoureux et ses poses aguicheuses, elle cachait à merveille le désespoir qui étreignait le cœur de toutes les femmes du sérail.
Throed était connu pour sa cruauté et son sadisme, témoins d’un esprit malsain et perturbé auquel personne n’avait osé s’opposer. Rien ne le satisfaisait plus que de voir ses esclaves souffrir, et il ne jouissait – physiquement autant qu’intellectuellement – que de la détresse d’autrui. Ce goût pour la souffrance était assorti d’une formidable capacité à trouver les points sensibles, les failles que cachait tout un chacun, et il connaissait intimement chacune des Déchues qu’il avait acheté. Il mettait un point d’honneur, à chaque nouvelle acquisition, à trouver la phobie de son esclave et à l’exploiter aussi souvent que possible. Et lorsque l’une d’elles devenait trop désespérée pour lutter encore, il la tuait.
Mais ce jour-là, que ferait-il ? L’offrirait-il, le temps d’une nuit, à l’un de ses invités ? Ou bien la garderait-il pour lui seul, la torturant la nuit durant, la violant jusqu’à ce qu’il s’effondre, vidé et en sueur, aux premières lueurs de l’aube ? Quel serait, cette nuit, le cauchemar de Sinead ? Et celui de Shaïn ?
- Ah ! S’exclama Throed, faisant sursauter la jeune femme. Voici la seconde merveille de mon sérail !
Il siffla, appelant Shaïn et Sinead à ses pieds comme les chiennes qu’elles étaient à ses yeux. Elles obéirent.
- Qu’en pensez-vous, messieurs ? Je ne sais jamais laquelle mettre dans mon lit ! Bien sûr, je prendrais bien les deux, mais la nature ne m’ayant pourvu que d’un seul membre, je suis bien obligé d’alterner !
Il partit d’un rire grasseyant, qui fut suivi par tous ses invités.
- Bon passons aux choses sérieuses. Brinan, vous disiez vouloir m’acheter mes Grandes Classes… Les voici ! Vous plaisent-elles ?
Shaïn sentit un frisson glacé la parcourir. Ainsi, c’était là Sir Brinan Quelraz, dit le Collectionneur. L’homme avait les cheveux bruns, mi-longs, et un visage qui n’était pas beau. Mais l’élément le plus notable dans sa physionomie était ses yeux d’un noir de jais, perçants et impénétrables à la fois. Un regard que peu de gens parvenaient à soutenir.
Il était connu pour acheter à grand prix les Déchues les plus désirables, sans se soucier de la dépense. Il était incroyablement riche et consacrait toute sa fortune à acquérir des femmes. Celles-ci, une fois qu’elles avaient intégré son sérail, disparaissaient rapidement sans que l’on sache où elles étaient passées.
L’homme se leva et s’approcha d’elles. Il se mit à leur tourner autour, les scrutant de son regard glacial. Puis, avec une délicatesse qui effraya bien plus Shaïn que la brutalité de Throed, il lui releva le menton et fixa son visage. Elle prit garde de baisser les yeux, mais il lui intima de lui faire face.
Lorsque leurs regards se croisèrent, elle ne put retenir les larmes de colère et d’humiliation qui perlèrent aux coins de ses paupières. Elle ne serait, pour lui comme pour les autres maîtres qu’elle avait eu, qu’un jouet sans grande valeur. Un jouet, qu’il pourrait violer, torturer, tuer comme bon lui semblerait. Elle se révolterait, avec lui aussi. Et il gagnerait, lui aussi.
Brusquement, il détourna le regard du visage de Shaïn et revint à Throed.
- Combien ? demanda-t-il.
- Voyez-vous, mon cher Brinan, je pensais à autre chose… J’ai entendu dire que vous étiez fort bon joueur d’Echak. Que diriez-vous d’une partie dont elles seraient l’enjeu ? Vous gagnez, elles sont à vous. Je gagne… Elles meurent ce soir, toutes les deux.
- Qu’en sera-t-il si la partie est nulle ?
L’Echak était un jeu de plateau où chacun des deux joueurs avait vingt-six pions, qu’il déplaçait en diagonale selon un nombre de cases indiqué par un lancer de dé. Pour gagner, il fallait amener une majorité de ses pions dans la moitié adverse du plateau et supprimer la Pièce Maîtresse de l’adversaire. Si un joueur mangeait la Pièce Maîtresse de l’autre sans avoir amené plus de la moitié de ses pions de l’autre côté, la partie était nulle.
- Bonne question, mon cher Brinan ! Disons que… Je prends les blancs, et vous les noirs. Si je mange votre Pièce Maîtresse, vous repartez avec la blonde et la brune meurt… Et vice-versa.
Les quelques secondes que prit Brinan pour répondre furent une torture pour Shaïn, qui ne put étouffer un sanglot lorsqu’il dit finalement :
- C’est d’accord.
Le plateau fut rapidement installé, et les Déchues s’agenouillèrent de part et d’autre afin de servir aux joueurs la traditionnelle Liqueur de Prescience. La boisson, fortement alcoolisée, était produite à partir des Baies d’Inoha, des fruits extrêmement rares que l’on ne trouvait qu’en un seul endroit, les Plaines du même nom. Selon le mode de préparation, on obtenait des Liqueurs de différentes appellations et différents effets, auxquels correspondait un usage prédéfini. La Liqueur de Prescience, claire comme de l’eau de source, permettait à celui qui la buvait de décupler ses capacités mentales, mais le rendait hermétique à toute autre activité que le fruit de ses réflexions.
On la servait dans de minuscules verres, évitant ainsi d’en ingurgiter une dose trop élevé qui eut été mortelle. Shaïn eut toutes les difficultés du monde à servir la précieuse boisson sans la renverser tant ses mains tremblaient.
En face d’elle, Sinead était sereine. Il y avait des mois que cette dernière avait laissé tomber, qu’elle avait cessé de se battre. A vrai dire, c’était la réaction de Shaïn qui était surprenante. Depuis la Chute, elle n’avait cessé de lutter. L’esclavage était pour elle une torture, et elle s’était dit, chaque jour après l’autre, qu’elle préférerait mourir plutôt que d’endurer une injustice, une privation, une torture de plus. Et voilà qu’aujourd’hui, alors que sa mort se faisait plus probable, elle la craignait, la rejetait. Elle voulait vivre, et elle en était la première surprise.
La partie débuta lorsque les deux adversaires vidèrent leur verre d’une traite, d’un même mouvement. Il semblait ridicule qu’une partie dont l’enjeu était si important doivent être aussi courte. Car à l’Echak, la rapidité était le signe distinctif d’un bon joueur. Il n’était pas interdit de prendre le temps de réfléchir, mais celui qui le ferait s’attirerait les railleries des spectateurs et des autres joueurs.
Les lancers de dés s’enchaînaient, et les déplacements des pions leurs succédaient à un rythme effréné. Shaïn avait elle-même été une assez bonne joueuse d’Echak, avant la Chute. Mais lorsque Throed renversa, d’une pichenette victorieuse, la Pièce Maîtresse de Sir Brinan Quelraz, elle avait perdu le compte. Une terreur irrépressible étreignit son cœur. Sinead, qui allait mourir, était d’un calme olympien. Mais Shaïn allait peut-être survivre, si seulement Brinan avait un nombre de pièce supérieur à celui de Throed.
Ce dernier dut penser la même chose, car il adressa à sa Déchue l’un de ses sourires cruels.
- Peut-être Shaïn nous ferait-elle le plaisir de compter les pions ?
Elle obtempéra, sortant chaque pièce décomptée du plateau.
- Treize, quatorze, quinze, seize. Seize pièces pour Maître Throed.
L’énumération des pièces de Sir Brinan fut une torture. Elle avait la bouche sèche, les mains tremblantes, elle perdait le compte, torturée par l’idée qu’elle allait mourir ce soir-là. A chaque fois qu’elle se trompait et reprenait au début, le sourire de son maître s’allongeait et devenait plus cruel, traduisant l’évident plaisir qu’il prenait à voir monter son angoisse et sa panique. Puis, finalement, elle en vint à bout :
- Quinze, seize… dix-sept. Dix-sept pièces pour Sir Brinan.
Shaïn leva les yeux, ne parvenant pas à croire ce que son esprit lui disait. Sinead mourrait, Sinead seulement. Était-il inhumain de se sentir soulagée ? Elle leva les yeux vers l’autre Déchue, lui adressant un regard tétanisé. Alors, un léger sourire effleura les lèvres de Sinead, qui dit :
- Shaïn, ne…
Throed dégaina alors sa dague et trancha la gorge de Sinead, d’un mouvement terriblement désinvolte.
- Vous pouvez prendre la blonde, dit-il à Sir Brinan, avant de quitter la salle à manger, le pas peu assuré.
 
 

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Félicitations à nos deux gagnants champion et un grand merci à tous les participants et aux membres qui ont pris le temps de lire et de voter  pour les textes  !! sourire
 
 
 

Publié dans News

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L
Le niveau était très haut, on a vraiment eu du mal à départager les textes ! Félicitations aux gagnants ! :)
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L
Très sympa ces deux textes, j'aimerais être capable d'en faire autant !<br /> <br /> <br /> (et ça me fait trèèèèès plaisir de voir un nouvel article ;D)
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